Puberté précoce chez les filles

La puberté chez les filles débute normalement entre 8 et 13 ans. Le premier signe est un développement progressif du tissu mammaire. Si les ovaires produisent suffisamment d’hormones féminines avant l’âge de 8 ans pour induire le développement des seins, on parle de développement pubertaire précoce.

La puberté précoce est 10 à 20 fois plus fréquente chez les filles que chez les garçons. Par rapport à il y a 40 ans, la puberté commence actuellement un an plus tôt chez les filles et de plus en plus de filles ont un développement des seins qui commence avant l’âge de 8 ans. Des spécialistes pensent qu’il y a un lien avec une augmentation du poids chez les enfants. Le tissu adipeux peut en effet produire un peu d’hormones féminines. Une autre hypothèse est que cela a à voir avec les produits chimiques dans l’environnement qui peuvent imiter les effets des hormones féminines.

Le plus souvent, le mécanisme normal de la puberté (voir texte sur le développement pubertaire chez les filles dans le document chez « Ressources associées ») est activé trop tôt (=on parle de puberté précoce centrale). Chez moins de 5% des filles qui présentent une puberté précoce, la production d’hormones féminines débute dans les ovaires, sans signal à partir du cerveau (=on parle de puberté précoce périphérique).

Les causes de la puberté précoce restent la plupart du temps inconnues. Un certain nombre de malformations congénitales ou tumeurs cérébrales sont plus susceptibles de provoquer une puberté précoce. Dans certaines familles les enfants commencent leur puberté plus tôt. Il y a dans ce cas un facteur héréditaire. Une puberté précoce se voit plus souvent chez des enfants adoptés de l’étranger.

Une puberté précoce périphérique peut être due à un changement génétique qui provoque une activation chronique des gonades (par exemple le syndrome de Mc Cune-Albright) ou à des tumeurs qui produisent des hormones féminines (tumeurs à cellules de la granulosa, tumeurs des cellules germinales). Une autre cause peut être une prise accidentelle d’hormones féminines, par exemple des médications de sœurs plus âgées ou de mères.

• Ce qui est essentiel pour le diagnostic, est la présence de tissu mammaire (stade B2 ou plus haut, voir texte sur le développement pubertaire chez les filles dans le document chez « Ressources associées ») avant l’âge de 8 ans. Chez les filles en surpoids, il n’est pas toujours facile de faire la différence entre du tissu mammaire et du tissu adipeux. Le tissu mammaire est plus ferme et se trouve directement derrière le mamelon. Souvent, le mamelon pointe vers l’avant et change de couleur.
• Les hormones féminines rendent la muqueuse à l’intérieur des lèvres vaginales plus épaisse lui donnant une couleur plus claire.
• Souvent, mais pas toujours, il y a une légère poussée des poils dans la région pubienne (P2 ou plus) et au niveau des aisselles. Les glandes sudoripares au niveau des aisselles deviennent actives et peuvent produire une odeur de sueur « adulte ». La peau et les cheveux deviennent plus gras parce que les glandes sébacées sont également stimulées.
• Les hormones féminines stimulent la production d’hormone de croissance ce qui fait que les filles commencent à grandir plus vite. Ceci peut être visualisé en mettant toutes les données de croissance sur une courbe de croissance.

Une trop grande quantité d’hormones féminines à un jeune âge provoque la fermeture des cartilages de croissance et entraîne une petite taille.

Les filles avec une puberté précoce se sentent souvent différentes des autres enfants et sont parfois victimes de harcèlement à l’école. Elles ont plus de problèmes psychologiques et montrent davantage de comportements risqués à un plus jeune âge. Certaines études ont aussi trouvé une association entre une puberté précoce et différentes pathologies telles que le diabète et les maladies cardiovasculaires à l’âge adulte.

L’objectif du traitement est de synchroniser à nouveau le développement physique et psychologique avec l’âge chronologique et d’éviter une petite taille due à une fermeture prématurée des cartilages de croissance.

Le type de traitement dépend de la cause de la puberté précoce :

• Puberté précoce centrale

La plupart du temps il s’agit d’une puberté précoce centrale dans laquelle l’hypothalamus produit des pics de LHRH. Pour cette forme, il existe des médicaments (analogues de la LHRH) qui bloquent l’action de la LHRH au niveau de l’hypophyse. Les analogues actuels de la LHRH sont injectés dans le muscle ou en sous-cutané et existent sous différentes formes en fonction de leur durée d’action. Certaines préparations n’ont une action que ne dure que quelques heures mais heureusement on est parvenu à lier ces produits à une sorte de gel qui libère la substance active très lentement (libération lente) pendant 1, 3 ou même 6 mois.

Le traitement est généralement très efficace. Le développement mammaire s’arrête et le volume des seins diminue souvent un peu. Les fluctuations émotionnelles et le comportement pubère diminuent également. La fermeture des cartilages de croissance ralentit considérablement ce qui a un effet positif sur la taille adulte, en particulier chez les filles dont la puberté a commencé avant l’âge de 6 ans. Chez des filles plus âgées, le résultat sur la taille est plus variable.

Les effets secondaires les plus fréquents du traitement sont la douleur, la rougeur et le gonflement au site d’injection et en de rares occasions, une réaction allergique au produit peut survenir. Après la première injection, 5 à 10% des filles présentent un saignement vaginal qui ne se reproduira pas avec la poursuite du traitement. Après l’arrêt du traitement, le développement pubertaire se poursuit et la plupart des filles ont leurs règles dans les 2 ans.

Pendant le traitement, la densité osseuse peut diminuer mais celle-ci se rétablira lorsque le traitement sera arrêté.

• Puberté précoce d’origine périphérique

Une puberté précoce d’origine périphérique est traitée avec des médicaments qui bloquent la production d’hormones féminines dans les ovaires ou dans certaines tumeurs et/ou freinent l’action des hormones féminines. Lorsque la cause est une tumeur, celle-ci est enlevée chirurgicalement.